Interview avec Thomas Dohse, Directeur adjoint du Salon de l’emballage interpack
Interpack, le plus grand Salon d’emballage du monde se tiendra du 4 au 10 mai 2017 à Düsseldorf en Allemagne. Nous nous sommes entretenus avec Monsieur Thomas Dohse, Directeur adjoint du Salon.
SenGermany : Monsieur Dohse, pouvez-vous vous présenter et nous dire depuis quand vous êtes employé au Salon interpack ?
Dohse : Je fais partie de l’équipe interpack depuis 2005 ; d’abord quelques temps comme Directeur principal de projets, ensuite comme chargé de la clientèle et enfin depuis un peu plus d’un an Directeur adjoint chargé de la gestion opérationnelle des projets de l’interpack. Nous avons créé il y a un peu plus d’un an notre interpack alliance qui regroupe tous les Salons spécialisés dans la transformation et l’emballage du groupe Messe Düsseldorf (Salon de Düsseldorf). Monsieur Bernd Jablonowski la dirige et je suis responsable de la direction du projet interpack dans son équipe.
SenGermany : Travaillant pour l’interpack depuis 2005, vous avez sans doute pleinement vécu le dernier Salon en 2014. J’étais aussi présent et avais remarqué que tout le monde de l’emballage était présent à Düsseldorf. Est-ce la même chose cette année ?
Dohse : Effectivement. En 2014 nous avons accueilli tout le monde de l’emballage à Düsseldorf. Les exposants viennent de 50 pays et les visiteurs de 163 pays différents. En 2017, ce sera la même chose. On affiche complet ! C’était déjà le cas en fin février 2016 lors de la clôture des demandes. Raison pour laquelle nous avons constitué une longue liste d’attente d’entreprises et comptons sur 2800 exposants. Chaque mètre-carré du terrain est occupé et d’ailleurs et nous avons mis une partie de la surface des entrées à la disposition des exposants. En d’autres termes, ça déborde dans tous les sens. Et maintenant, les visiteurs doivent venir en masse mais nous sommes optimistes.
SenGermany : Quand vous dites « complet », vous pensez aux exposants des 50 pays que vous venez de citer. Y a-t-il aussi des exposants africains ou sud-américains ? Ou, sont-ils que des visiteurs ?
Dohse : Les Africains et les Américains du sud participent aussi en temps qu’exposants tel l’Egypte par exemple. Mais ce sont les pays exportateurs qui sont à a recherche de nouveaux marchés qui sont le plus représentés à l’interpack.
SenGermany : Vous venez de citer interpack alliance. Mais au Salon de 2014, je n’en avais pas du tout entendu parler. Que signifie interpack alliance et à quelle date a-t’elle été créée ?
Dohse : Seulement il y a près d’un an lors de la restructuration de l’entreprise afin que tous les Salons du même portefeuille et dans ce cas « la transformation et l’emballage » soient regroupés. C’est dans ce cadre que nous avons créé l’interpack alliance pour donner plus de poids à nos Salons à l’étranger. Nous voulons montrer qu’il n’y a pas que l’interpack comme porte-flambeau des Salons mais qu’il y en a d’autres sur des marchés très intéressants et passionnants de la famille interpack. Nous allons faire beaucoup de publicité pour interpack alliance durant l’interpack 2017 et essayer de motiver nos exposants à se rendre avec nous sur les marchés émergents.
Le Kenya est le seul pays africain membre de l’interpack alliance
SenGermany : Le Kenya est le seul pays africain membre de l’interpack alliance. Au Sénégal, il y a aussi un Salon de l’emballage qui devient de plus en plus connu. Quelles sont les conditions qu’il faut remplir pour être membre d’interpack alliance ?
Dohse : Nous étions en terrain inconnu en organisant au Kenya un petit Salon sur le thème « transformation des produits alimentaires et emballage » et nous observons aussi la croissance du marché africain avec un grand intérêt. Ceci ne vaut pas seulement pour l’Afrique du nord mais aussi pour l’Afrique de l’ouest et de l’est. Nous sommes très ouverts pour discuter avec les organisateurs qui y sont. Ce que vous venez de citer peut être intéressant mais nous devons discuter des conditions en détail et sonder le projet de l’organisateur et ce qui pourrait être notre rôle. En principe, cela nous intéresse d’élargir le champ d’action de notre interpack alliance et de réussir notre entrée dans différentes régions grâce aux Salons.
SenGermany : Un Salon de l’emballage se déroule chaque année au mois de mars au Sénégal et en 2018, l’Allemagne sera invitée d’honneur pendant le Salon du 21 au 24 mars. Compte tenu de cette nouvelle donne, pensez-vous que ce sera une occasion de présenter interpack alliance lors de ce Salon ?
Dohse : Absolument ! C’est intéressant. Il nous faudra parler concrètement des détails, des conditions et du rôle que nous devons jouer. Ceci dit, nous avançons déjà avec un Salon en Iran en octobre 2016, développons celui de la Chine et avons un partenaire en Inde. Raison pour laquelle, nous devons voir comment gérer les nouveaux projets mais en principe, c’est une chose intéressante que nous regarderons volontiers de plus prêt.
SenGermany : Dans quels pays y se déroulerons des Salons d’interpack alliance en 2018 ?
Dohse : Nous organisons régulièrement le Salon upakovka en janvier à Moscou. C’est un Salon que nous organisons depuis 1976. Et ensuite viennent les Salons en automne. La plupart des Salons de l’interpack alliance se dérouleront en 2017.
SenGermany : Donc il y a des chances que le Salon de Dakar ne se déroule pas en même temps qu’un de vos projets ?
Dohse : Comme je vous l’ai déjà dit. Dans un contexte pareil, il est important d’avoir des données chiffrées et que l’organisateur nous dise qu’elle rôle on doit jouer. Si nous pouvions avoir des informations dans ce sens et les contacts ou que par exemple, les organisateurs soient présents pendant l’interpack et nous fournissent des informations de première main ; cela nous aiderait à en avoir une meilleure idée. En principe, ce qui se passe sur les marchés émergent est très passionnant et aussi comment cela se traduit au Sénégal. Mais – comme déjà dit – nous avons commencé avec beaucoup de projets parallèles et devons faire attention à nos ressources.
SenGermany : A part l’interpack de Düsseldorf. Y a-t-il d’autres Salons de la même taille ?
Dohse : Cela n’existe nulle part ailleurs. Un Salon tel que l’interpack est unique en son genre. C’est les olympiades du monde de l’emballage et de la transformation tous les trois ans à Düsseldorf. Bien entendu, il y a quelques Salons spécialisés qui couvrent certains domaines de l’emballage ; tels que les produits de confiserie, de boulangerie ou les boissons et les produits pharmaceutiques. Mais vous ne verrez nulle part une telle exposition de machines comme à Düsseldorf. Le caractère international des exposants et des visiteurs est impressionnant. Rien pour cela, c’est un évènement unique en son genre.
Bientôt il n’y aura plus d’emballage plastique au Sénégal
SenGermany : Dans le film sur le Salon de l’emballage de Dakar, vous avez vu que le plastique a été interdit au Sénégal et l’industrie alimentaire y cherche des fournisseurs de savoir-faire pour produire de meilleurs emballages. Que peut-on leur montrer pendant l’interpack ?
Dohse : Interdire le plastique en bloc soulève beaucoup de questions. Dans ce cas précis, il s’agit sans doute des problèmes liés aux déchets produits. En Allemagne, on a mis en place un système raisonnable de collecte, triage et recyclage. Mais sans le plastique, il ne serait pas possible de transporter des produits alimentaires pour toute la population du monde en le tenant frais du producteur au consommateur en passant par les marchés. Le plastique est l’emballage le plus utilisé au monde. Il a des avantages pour son poids, pour les plats cuisinés, le transport et beaucoup d’autres choses qu’il faut prendre en compte. On trouvera beaucoup de solutions au Salon interpack avec ou sans matière plastique. Les entreprises vont exposer pendant l’interpack leurs innovations les plus récentes, les tendances et le développement.
SenGermany : Dans le catalogue du dernier interpack, je n’ai pas trouvé d’entreprises allemandes qui produisent des boîtes à œufs. Sont-elles toutes délocalisées en Asie ?
Dohse : Les produits sont définis autrement dans le catalogue. Vous pouvez trouver des fabricants de machines pour boîte à œufs sous la rubrique « boîte pliante ou papier moulé/ondulé ». Voilà pourquoi il y a forcément des exposants à l’interpack. Ceci dit, je ne suis pas sûr que des entreprises allemandes en font partie car il y a une forte pression sur les prix.
SenGermany : La raison pour laquelle je vous pose la question est la suivante. Au Sénégal, il y a un Salon sur la volaille (le week-end du poulet) où sont aussi exposées des boîtes à œufs et au dernier Salon, j’ai appris que le Sénégal produisait 800 millions d’œufs par année et il n’y a aucun producteur de boîtes à œufs sur place. Tout est importé.
Dohse : Economiquement cela n’a pas de sens de transporter des boîtes à œufs à plus de 300 ou 400 km. Il serait plus judicieux de produire les boîtes à œufs au Sénégal. Il y a des entreprises qui exposent la technologie de production de boîtes à œufs sous la rubrique « production de matériaux de conditionnement » pendant l’interpack.
Youssou Ndour le jour de la conférence Save Food à l’occasion du Salon interpack 2014 à Düsseldorf
SenGermany : Youssou Ndour était invité à la conférence Save Food 2014 pendant l’interpack. Si vous exposez Save Food au Sénégal comme au Kenya, il s’en réjouirait sans doute et pourrait en faire la publicité. C’est une raison supplémentaire d’exposer Save Food pendant le Salon de l’emballage de 2018 à Dakar.
Dohse : Fondamentalement, il y va de notre intérêt de présenter l’initiative Save Food dans différents endroits du monde et d’inclure d’autres sites dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Un de nos buts est de financer d’autres études avec cette initiative. Nous avons déjà fait de telles études au Kenya et en Inde en collaboration avec la FAO. Nous voulons faire avancer les choses afin d’acquérir d’autres connaissances concernant les problèmes liés au gaspillage alimentaire. Entre temps, 750 entreprises, fédérations, instituts de recherche et organisations non gouvernementales sont membres de l’initiative. C’est quand même passionnant de présenter ce thème dans d’autres domaines et d’en faire la publicité. J’en ferais un ensemble dans les négociations avec des partenaires potentiels en parlant concrètement avec l’organisateur du Salon.
SenGermany : Vous avez parlé de l’étude faite au Kenya. Qui l’a financé ?
Dohse : C’est grâce aux cotisations des entreprises qui sont devenues membres de l’initiative Save Food qu’elle a été financée. Et c’est grâce à cette étude que le projet mangue a vu le jour avec un entrepreneur kenyan, Azuri Health, qui collecte et fait sécher des mangues mures qui pourrissaient au sol et les vend aux supermarchés locaux comme fruits secs. Une belle initiative.
SenGermany : Y aura-t-il des innovations révolutionnaires pendant le Salon interpack 2017 ?
Dohse : C’est ce que nous attendons aussi avec curiosité car de nombreux exposants dévoilent ce genre de nouveautés pendant le Salon interpack. Ils choisissent l’interpack comme moment et site d’innovation et font un secret des nouveautés dans le domaine des machines et des emballages. Nous nous attendons à des machines plus performantes et à des concepts modulaires. C’est-à-dire à des machines qui peuvent être rééquipées rapidement afin d’utiliser, de conditionner ou de remplir des emballages ou des contenus de différentes dimensions plus rapidement. Ou d’autres emballages plus intelligents avec des indicateurs qui signalent si un produit alimentaire peut encore être consommé sans forcément tenir compte de la date limite de consommation comme nous le faisons en général. Il y a déjà sur le marché, des emballages actifs contenant un produit dont la date limite de consommation peut être prolongée en y injectant un gaz protecteur. Et maintenant, il s’agit d’optimiser la technologie et la rendre plus performante. Voilà un thème général qui fait tendance. Et ce ne sont que deux exemples auxquels les visiteurs peuvent s’attendre parmi tant d’autres. Voilà pourquoi cela vaut la peine de venir visiter le Salon interpack.
SenGermany : On y sera ! Monsieur Dohse, je vous remercie pour cet entretien.
Propos recueillis par Ibrahim Guèye
SenGermany le jour de la conférence « l’Afrique rencontre le monde des affaires 2017 » avec des représentants d’entreprises allemandes leaders dans l’emballage : Friedbert Klefenz, Bosch Packaging, Peter Steindl, Fawema GmbH, Klaus Pekruhl, Langguth GmbH et Ralf Schäfer, Sollich KG